LE COUPLE: LE DEFI DE VIVRE A DEUX
Article pour la Ligue Française de la Femme Musulmane.
Beaucoup d'intervenants sociaux estiment que les nombreux échecs conjugaux, les familles brisées et la dénatalité font partie de la nouvelle société. Pourtant, face à cette vague de défaitisme, beaucoup se préparent encore à vivre à deux, à former un couple, à cheminer ensemble vers l'horizon d'une famille qui prend corps et s'établit. Vivre en couple aujourd’hui, loin d’être facile, car reste d’abord la construction d’un projet de toute une vie, ça se prépare, ça se construit et ça s’entretient.
Et c’est dans le cadre d’un séminaire pour la préparation au mariage que Farida KACED, psychologue musulmane et conseillère en relation conjugale a bien voulu nous éclairer sur ce point en répondant à nos questions sur le défi « de vivre à deux aujourd’hui ».
Quelles sont les motivations qui vous poussent à organiser ce séminaire?
Mes motivations s'articulent autour de trois axes.
D'une part, en discutant avec nos frères et soeurs célibataires, on peut constater un manque de maturité lors du choix de leur conjoint. Ils sont très influencés par les médias et se fixent ainsi sur des détails en oubliant les priorités que sont la religion et le bon comportement chez la personne. Cette situation m'attriste car se centrer sur la beauté ou le compte bancaire d'une personne ne permet pas de garantir la stabilité du couple. C'est un leurre!
D'autre part, vivre dans une société occidentale nous fait oublier nos droits et devoirs en tant qu'homme et femme musulmans. Il est toujours bon de les rappeler.
Enfin, lorsque nous avons un projet, nous préparons et envisageons tous les paramètres à court et à moyen terme. Mais lorsqu'il s'agit du mariage, autrement dit de la moitié de notre foi, il y a un comme un vide. Nous sommes des spécialistes de l'organisation de la fête de mariage sans en oublier un détail mais on ne se soucie guère du plus important, l'après mariage. C'est incroyable ! Comme si les éléments les plus importants étaient les préparatifs de la cérémonie de mariage et la cérémonie en elle-même. Ainsi, on ne doit pas s'étonner que le divorce dans notre communauté gagne du terrain dans la mesure où ne s'interroge pas sur les bons éléments et qu'on ne s'y prépare pas. A ma connaissance, il n'y a pas de séminaire de préparation au mariage et il me semble fondamentale de s'attaquer à ce chantier et de tenter d'enrayer l'augmentation du nombre de personnes en souffrance au sein des couples musulmans.
Le manque de sincérité et de maturité lors du choix du conjoint, une méconnaissance de l'autre sexe et de notre rôle en tant que mari et femme, l'adhésion à une idéologie égocentrique du tout jetable ainsi qu'une idéalisation du mariage au quotidien font certainement partie des causes les plus importantes d'échec et de frustration.
Pourquoi aujourd'hui plus qu'hier, vivre en couple est un vrai défi?
Vivre en couple constitue un véritable CHALLENGE pour deux raisons principales.
D'une part, la valeur de base de la société a changé. Ce n'est plus la famille mais l'individualité qui prime. La réalisation et la conversation de notre individualité sont devenues primordiales dans la société actuelle. Nous ne sommes plus prêts à renoncer à notre individualité pour vivre avec quelqu'un. Il est évident que nous sommes dans une époque qui met l'accent sur l'autosatisfaction (dont le partenaire n'est que l'instrument) et non sur l'expérience réciproque des émotions multiples dues à la relation. Puisque la société hypertrophie l'individualisme et atrophie les sentiments de don de soi et notre proportion à aller vers l'autre, il devient de plus en plus difficile de construire une vie de couple.
D'autre part, être un mari ou une épouse est un travail de tous les jours et de tous les instants. Ainsi, le mariage nécessite des efforts continuels.
Quelles sont, selon vous, les conditions à une bonne préparation au mariage ?
Premièrement, le mariage constitue un acte d'adoration en représentant la moitié de notre foi. Ainsi, se marier pour DIEU est fondamental en se faisant accompagner par la prière de consultation lors du choix de notre conjoint.
Ensuite, avant de chercher un conjoint, il convient de se chercher soi-même. Cette connaissance de soi permet de trouver plus facilement son conjoint. Si je sais qui je suis, quelle est ma personnalité avec mes qualités et mes défauts, quelles sont mes attentes, que suis-je prêt ou prête à offrir, alors je pourrai affiner ma recherche et mieux me présenter lors d'une rencontre. Cette dernière implique d'être honnête et sincère vis à vis de soi-même et vis à vis de la personne que l'on rencontre. Il faut être franc et direct. Nous avons malheureusement tendance à nous montrer sous notre plus beau visage lors des rencontres. Quelque temps après le mariage, on redevient les êtres humains que nous sommes naturellement avec des qualités et des défauts et c'est là que les difficultés commencent.
Pensez-vous que la femme musulmane est plus sensible à ce sujet qu'une autre femme ?
Ce qui peut-être difficile pour une femme musulmane est la collision entre la tradition héritée des parents, la religion et son vécu en France. Elle doit essayer de faire la part des choses en prenant ce qu'il y a de mieux à ces niveaux là. Les couples musulmans sont-ils, selon vous, à l'abri des problèmes conjugaux car ils sont musulmans? Beaucoup d'éléments contribuent à façonner la personnalité d'un homme et d'une femme: son milieu, son éducation, son origine, son approche de la religion...Ainsi, les musulmans ne se définissent pas uniquement par la religion. Ils sont des êtres humains avant tout avec des qualités et des faiblesses. Par conséquent, ils ne sont pas épargnés par les conflits conjugaux, situation constatée par la présence de nombreux divorces au sein de la communauté.
Comment pouvons-nous procéder pour que notre couple soit heureux ? Comment créer et maintenir une relation satisfaisante, durable et épanouissante dans le couple musulman ?
L'élément le plus fondamental à mes yeux, est d'abord de se marier pour DIEU et de considérer le mariage comme un acte d'adoration via le comportement et les gestes du quotidien. Ainsi, il ne faut pas idéaliser notre conjoint et le mariage. C'est un Jihad qui demande des efforts permanents. En effet, il est important que chaque conjoint respecte l’autre et lui donne de la valeur. Cela implique d'accepter l'autre comme il est, en se focalisant sur ses qualités et en minimisant ses défauts.
Le couple est un processus, il n'est pas figé bien au contraire. Une fois marié, c'est là que le véritable travail commence. C'est bien notre capacité à réorganiser la structure du couple, à trouver des buts communs que dépend l'avenir du couple. Pour cela, la communication dans le couple est vitale. Elle implique d'écouter l'autre, ses besoins, ses attentes, de comprendre son fonctionnement et de se réajuster en permanence tout en sachant pardonner pour être plus proche de son conjoint et d'ALLAH swt.
Essayons de faire la part des choses au sein de notre couple entre ce qui paraît essentiel et superficiel. Concentrons nous sur les éléments importants et pas sur les petits détails du quotidien.
Le couple idéal un mythe?
Le mythe du "prince charmant" a baigné notre enfance et malheureusement pour certaines, il continue de perdurer à l'âge adulte. DIEU a doté chacun de qualités et de défauts. Par conséquent, l'être humain idéal n'existe pas. Dans la mesure où un couple est constitué de deux êtres reliés par un lien, le couple idéal n'existe pas.
Mais avant tout, le mariage constitue une "école de la vie" où on apprend à grandir, à se surpasser pour être plus proche de soi, de l'autre et du Tout Puissant. Il est source de richesse et de bonheur intérieur et spirituel si nous sommes prêts et prêtes à "retrousser" nos manches, avec l'aide de DIEU.
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FAUT-IL TOUT SE DIRE EN COUPLE?
Dans l'esprit collectif, un couple uni est synonyme d'une fusion totale des corps et des esprits. Autrement dit, il serait nécessaire de tout partager pour se sentir heureux et apaisé. Le mot communication est récurrent lorsqu'est évoquée la relation de couple. Mais quelle en est la réalité et les limites? Quels sont les ingrédients pour établir une relation saine et pouvoir partager les choses avec votre partenaire? Quelles sont les limites à avoir pour ne pas se sentir dépassé et envahi dans votre relation conjugale? Quel est le juste milieu entre transparence et silence?
Avant le mariage, faut-il tout se dire...?
La connaissance de l'autre est une étape nécessaire lorsque vous décidez de vous marier. La question que beaucoup d'entre vous se pose est: doit-on tout dire à son prétendant ou garder un jardin secret notamment sur son passé? Pour ma part, c'est à ce moment là que se joue l'avenir de votre relation. Autrement dit, en discutant avec votre future prétendant(e), vous établissez déjà un contrat de départ implicite en décidant ou pas de dire les choses. Il y a des personnes qui vous harcèlent de questions sur votre passé et qui veulent en savoir le moindre détail et d'autres qui restent sur des grandes lignes. J'estime qu'il ne faut pas rentrer dans le détail de votre histoire personnelle, familiale et éventuellement sexuelle et ceci pour plusieurs raisons.
D'une part, le fait de confier à l'autre votre passé et vos erreurs commises avant le mariage peut être accepté au départ par amour et aveuglement. Mais au fur et à mesure de la relation, il est possible que cela devienne difficile à supporter notamment dans les périodes de crises conjugales. Prenons l'exemple d'un couple reçu en entretien. L'épouse a déjà eu des relations sexuelles hors mariage alors que son époux non. Il l'a accepté telle qu'elle. Mais après le mariage, ce couple connaissait des difficultés conjugales et du coup, il remettait tout en cause et avait du mal à accepter finalement ce point la.
D'autre part, le fait de dire certaines choses peut briser une relation après le mariage. Si votre prétendant ne sait pas certains éléments de votre passé, il est nécessaire de ne rien lui dire. Vous n'avez pas à vous confier à lui. J'ai suivi un couple dont l'épouse a eu un flirt avant le mariage sans perdre sa virginité. Son mari ne le savait pas. Elle lui a dit par souci de transparence après le mariage. Depuis, ce couple est au bord du divorce. Il ne cesse de demander des détails à son épouse sur cette ancienne relation et l'erreur qu'elle a faite c'est de lui donner tous les détails. Depuis, il se compare à son ex et ils ont du mal à passer ce cap. Je partage l'avis du psychologue Jacques-Antoine Malarewicz qui affirme que "ne pas tout dire est un signe de maturité. A l'inverse exiger la transparence est un signe de manque de confiance en soi[1]." La personne est censée vous accepter telle que vous êtes. Le fait de vouloir tout savoir sur votre passé montre qu'elle doute d'elle-même.
Enfin, ne pas dire ne veut pas dire mentir. Le fait de ne pas tout partager avec votre partenaire n'est pas source de mensonge. Maintenant si votre prétendant(e) vous pose des questions sur votre vie en général, il convient de lui dire ce que vous souhaitez lui dire sans lui mentir.
Après le mariage, faut-il tout dire dans son couple ?
Le point fondamental dans votre relation de couple est l'apaisement. Se sentir en paix entre époux et épouse est crucial pour réussir son mariage. Pour cela, des efforts doivent être fournis des deux côtés pour une harmonie conjugale.
Tout d'abord, Respecter votre partenaire. Cela signifie que vous l’estimez et que vous lui accordez de la valeur et que même lorsque vous êtes en conflit avec lui, vous ne le heurtez pas par des paroles blessantes. Respecter son partenaire signifie aussi l’écouter sans lui couper la parole, prendre conscience de ses besoins sans le juger même s’ils sont différents des vôtres.
De plus, faites preuve d'Empathie. Il s'agit de se mettre à la place de l'autre pour comprendre ses besoins, ses envies et ses désirs. L'objectif étant d'y répondre de la meilleure manière.
La Reconnaissance est aussi un point important. En effet, le fait de remercier permet de donner de la valeur à l’action et surtout à la personne actrice de cette action. Cela permet également de continuer à faire les choses. Si vous ne dites jamais merci à votre épouse par exemple pour le repas préparé, elle va se lasser de le faire.
Et cette fameuse Communication... Elle implique de l’écoute et de la compréhension et surtout de prendre en compte le message de l’autre pour répondre au mieux à ses attentes.
Je vous conseille de faire des bilans de couple de temps en temps. Vous faites des bilans sur chaque sphère de vos vies: bilan sanguin, bilan sur vos comptes bancaires. Mais faites-vous des bilans de couple? Par exemple, comment s’est passé ce mois-ci, où en êtes vous sur tel ou tel aspect? Que faut-il faire pour que cela aille mieux ?
Il est nécessaire également que vous exprimez vos souhaits, vos attentes maritales et vos frustrations. Dire ce qui va et ce qui ne va pas. Il y a éventuellement des points gênants chez votre partenaire, vous pouvez lui dire mais pas sous forme de reproches ni de critiques. Si vous gardez les choses pour vous, ne vous étonnez pas que la personne ne change pas. En effet, beaucoup de personnes confondent patience et passivité. Elles disent avec le temps, leur conjoint(e) changera. Cela est tout à fait possible mais pour cela il est impératif au préalable d'instaurer un climat harmonieux dans votre couple pour vous sentir à l'aise. En effet, c'est en respectant votre époux(se), en vous sentant compris (e) et écouté(e) dans vos besoins respectifs, que vous allez vous sentir bien. "Pour que la vie à deux soit agréable, le climat relationnel doit permettre à chacun de s'exprimer, de s'épanouir et de rester disponible pour l'autre[2]", explique le thérapeute conjugal Patrice Cudicio. Ainsi, votre partenaire sera un confident, un allié et un ami tout simplement.
Cette paix permet ainsi d'instaurer un climat de confiance et d'aborder tous les sujets même les plus délicats. Il n'y a pas de tabou à avoir entre époux. Certains patients reçus en entretien connaissent des difficultés sexuelles. Le fait qu'ils échangent sur leurs frustrations réciproques et leurs blocages permet de trouver des solutions.
Mais attention tout de même à certains sujets notamment ceux concernant la sphère familiale. D'une part, si vous rencontrez des difficultés avec votre belle-famille par exemple, n'hésitez pas à en parler avec votre époux mais encore une fois sans reproches et critiques. D'autre part, si vous-même avez des difficultés avec votre propre famille, je vous conseille de ne pas rentrer dans le détail. Tout cela afin de préserver votre image et celle de votre famille.
Construire une relation de couple apaisante permet de se sentir fort au quotidien et de créer un climat de confiance entre époux. L'essentiel est de communiquer sur ce qui vous semble important et vous touche. N'oubliez pas de vous rappeler régulièrement ce que vous aimez chez l'autre. La confiance est essentielle mais elle n'empêche pas de maintenir un jardin secret pour vous préserver vous et ceux que vous aimez.
[1] Repenser le couple" de Jacques-Antoine Malarewicz. Editions Robert Laffont.
[2] Le couple et la communication, Patrice et Catherine Cudicio. Ed. OES.
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RECETTE POUR UNE RELATION DE COUPLE SAINE ET SEREINE
Il était une fois un couple dont l'union durait depuis trente ans. Il y régnait la paix et l'harmonie conjugale. Vous pouvez vous demander si cette histoire est un conte de fée ou si c'est la réalité et ce questionnement est légitime vu qu'autour de vous, vous voyez beaucoup de désillusions, de couples déchirés et de familles brisées. Rares sont les gens qui déclarent vivre à deux dans l’entente mutuelle. D'ailleurs les statistiques le prouvent: la moitié des mariages se soldent par un divorce et seulement 15 à 20% de couples sont heureux.
Existe-t-il une recette magique ? Nous allons vous proposer quelques pistes pour vivre une vie de couple qui soit la plus sereine possible.
Tout commence par le Choix du conjoint. Il est important de vous sentir apaisé lorsque vous rencontrez votre futur conjoint et de partager des objectifs de vie ainsi que des centres d'intérêts communs. Ne vous dites pas que vous allez changer la personne après le mariage. Il est fondamental de l'accepter telle qu'elle dès le départ pour éviter les tensions à l'avenir.
De plus, il faut apprendre à être heureux avec vous-même avant d’essayer d’être heureux avec une autre personne. N'attendez pas un mariage sauveur où votre partenaire viendrait pallier vos manques.
Le point fondamental pour la réussite de votre couple est le Respect. Respecter votre conjoint signifie que vous l'estimez, que vous lui accordez de la valeur et que même lorsque vous êtes en conflit avec lui, vous ne le heurtez pas par des paroles blessantes. Cela implique de l'écouter sans lui couper la parole, prendre conscience de ses besoins sans le juger même s'ils sont différents des vôtres tout en faisant preuve d'Empathie. Lors de mes consultations en cabinet, les couples sont souvent très tendus et cela se voit dans leurs comportements (ton méprisant et élevé...).
Le Respect va de pair avec une bonne Communication. Elle implique de l'écoute, de la compréhension et de prendre en compte le message de l'autre pour répondre au mieux à ses attentes. Il est nécessaire que vous vous exprimiez sur vos souhaits, vos attentes maritales et vos frustrations. Dire ce qui va et ce qui ne va pas. Un conseil : Faites des Bilans de couple. Autrement dit, posez vous avec votre partenaire pour faire le point sur les éléments positifs et ceux qui nécessitent des améliorations.
Essayez d’éviter les critiques, surtout en public. En effet, critiquer la conduite de votre partenaire ne fera que compliquer davantage la situation et se répercuter négativement dans votre relation. Essayer de lui montrer ce que vous pensez être ses erreurs de manière subtile et indirecte. Les experts disent que le bonheur conjugal se brise sur ce grand rocher qu'est la critique.
Pas étonnant que "les couples heureux utilisent au moins cinq fois plus de paroles et de comportements positifs dans leurs discussions que les couples malheureux. Ils expriment de l'affection, utilisent l'humour et valorisent leurs partenaires"[1]. C'est ce qu'on appelle le Positivisme. Croyez vous que la femme qui accuse l'homme de toujours chercher à avoir raison augmente la probabilité que celui-ci l'écoute plus attentivement.
L'une des principales sources des conflits conjugaux provient de l'ignorance et du refus des différences fondamentales existant entre l'homme et la femme. Elles sont dues à l'influence culturelle et à notre nature biologique[2]. Connaître, comprendre et accepter ces différences permettent aux couples de faire baisser la pression et de réduire ainsi leurs conflits. Pour la femme, comprendre que l'homme qui se retire dans le silence suite à une dispute ne signifie pas qu'il la rejette l'aidera ainsi à être plus apaisée.
Les couples heureux connaissent également des disputes et des divergences au sein de leurs couples. Mais, la différence entre un couple heureux et malheureux est la manière dont il va gérer ses disputes. Cela a été prouvé, notamment par les expériences menées par le Docteur Gottman et Silver[3]. En effet, ils ont analysé point par point le déclenchement du conflit dans un couple et les réactions de chacun des protagonistes. En observant une discussion durant les trois premières minutes, on peut prédire à 96% si le conflit va être résolu ou pas. Autrement dit, quand une discussion commence avec de la critique et du sarcasme, elle finit très souvent de la même façon qu'elle a commencé, chacun restant ainsi sur sa position. Les personnes ayant un discours empreint de négativité finissent par de la surenchère, ce qui est néfaste à la relation. Gottman distingue quatre formes de négativité suivant ainsi l'évolution d'une dispute conjugale: la critique, le mépris, le fait d'être sur la défensive et le mutisme.
Quelques pistes pour Réussir vos disputes de couple:
- L'Ecoute silencieuse: il s'agit d'avoir un échange verbal sans jamais interrompre son partenaire en parlant chacun à votre tour. Cela permet de parler sans devoir se battre pour conserver la parole et sans crainte d'être interrompu.
- La Négociation: Elle implique de réfléchir à vos propos, de prendre du recul par rapport au problème tout en se mettant à la place de l'autre. C'est trouver des compromis qui vont vous satisfaire tous les deux dans une stratégie gagnant-gagnant.
N'oubliez pas la Reconnaissance qui est vitale pour l'être humain. Chaque membre du couple a besoin d'être remercié pour les efforts fournis au quotidien. Remercier votre partenaire lorsqu'il prépare le repas ou fait les courses par exemple. Cela permet de se sentir apaisé et reconnu pour le travail accompli. Rien n'est dû ou acquis.
Et vous devez vous demander et l'Amour dans tout cela? L'Amour n'est pas ce qui fait tenir le couple. La preuve lors de mes accompagnements en couple pour le divorce, les personnes déclarent s'aimer mais ne s'entendent pas. L'Amour n'est que la conséquence du bon comportement que vous aurez l'un envers l'autre.
Le bonheur conjugal est donc fait de plusieurs ingrédients: le fait d'être bien avec soi-même, le choix réussi de son partenaire, la connaissance de soi et de l'autre sans vouloir le changer et l'intelligence émotionnelle. Tous ses efforts doivent s'inscrire comme un acte d'adoration pour plaire au Très-Haut. Pour toute aide, vous pouvez consulter en cabinet ou en ligne à distance votre conseil conjugal musulman.
[1] Qui sont ces couples heureux, Yvon Dallaire. Les Editions Option de Santé,2006
[2] DVD "La Vie à Deux", Jumua Khan. Juste Milieu Production, 2007
[3] Les couples heureux ont leurs secrets, John M. Gottman et Nan Silver. Pocket 2006
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APPRENDRE A SURMONTER UN DIVORCE
Le divorce se multiplie dans nos sociétés et se banalise. Il peut-être synonyme d'échec, de tensions internes, de remises en question ou encore de libération. Tout dépend de son contexte. Mais un point est sûr, qu'il soit conflictuel ou à l'amiable, il n'est jamais sans conséquences.
Pour nous permettre de bien cerner cette situation, nous décrirons les différentes phases du divorce tout en apportant en tant que psychologue et conseillère conjugale des conseils et des pistes pour les surmonter de manière sereine.
La première phase est l'abattement.
Cette période est plus difficile à vivre pour la personne qui n'a pas demandé le divorce. En effet, celui qui en est à l'origine a mûri sa réflexion et sa décision et l'impose d'une certaine manière à l'autre. Pour ce dernier, il est difficile de réaliser et d'admettre ce qui se passe.
L'annonce d'une procédure de divorce peut-être vécue comme un coup de massue. Au début, on pense que ce n'est pas vrai. On se répète souvent "je ne comprends pas pourquoi nous en sommes arrivés là, ce n'est pas possible". On nie la réalité qui est trop dure à accepter. On tente de persuader l'autre que ce n'est pas la bonne solution, qu'on peut en discuter ou recourir à une médiation avec une personne de la famille ou une personne neutre. Ce déni de la réalité peut avoir des répercussions physiologiques: les personnes ne sont pas bien, dorment mal et ont des difficultés de concentration dans l'ensemble des sphères de leur vie. C'est normal, un temps de réaction et d'acceptation est nécessaire qui varie en fonction de chaque personne.
Ainsi, la demande de divorce peut-être perçue soit comme le résultat des tensions déjà manifestées auparavant soit comme le début de l'affirmation du mal-être de l'autre.
Les personnes peuvent traverser une zone de turbulences caractérisée par un mélange d'émotions: tristesse, sentiment de perte, d'abandon, peur de l'inconnu, incompréhension de la situation, doutes et culpabilité.
Cette phase est nécessaire. Il est important de ne pas refouler ses émotions tout en ne se laissant pas submerger par celles-ci. L'expression sans tabou et sans gêne permettra de prendre conscience de la situation pour mieux avancer par la suite.
Il est bien d'en parler avec des personnes objectives et de confiance, des personnes divorcées afin de partager leurs expériences. Cela donnera la possibilité de relativiser ce qui est vécu. Mais cela ne veut pas dire passer son temps à se plaindre auprès des ami(e)s et des proches. Cette situation les fatiguera au bout d'un moment.
La seconde phase est celle de l'acceptation.
Accepter la situation c'est avant tout avoir pris du recul par rapport aux émotions et être plus objectif par rapport à la situation.
Dans un premier temps, le fait de parler à d'autres personnes du ressenti aide à prendre conscience petit à petit de ce qui se passe et d'avoir une vision neutre et objective.
Avant tout, le plus délicat est de faire un travail de deuil sur le mariage et la vie de couple pour réaliser que la relation est terminée. Et ensuite, accepter surtout qu'il y ait une séparation.
Par ailleurs, la procédure de divorce engagée et la séparation physique (dans certains cas) concrétisent la situation.
La distance avec le/la conjoint(e) est une étape difficile mais nécessaire pour permettre une séparation et une réparation plus sereine. En effet, rien de plus délicat que de continuer à se voir, à échanger des mails et des coups de téléphone autrement dit à entretenir l'illusion de la relation si la demande de divorce est sûre et officielle.
La troisième phase est l'analyse de la relation.
Chaque membre du couple a sa part de responsabilité sur la qualité de la relation conjugale. Ainsi, il semble fondamental de faire, d'une part, un bilan de sa vie de couple depuis le début de la rencontre et d'autre part, un bilan de soi: pourquoi m'être marié(e) avec lui/elle? Quel a été mon comportement dans la vie conjugale avec mon(a) époux(se)? Quelles ont été mes erreurs, mes manquements? mes qualités, mes points forts?
Il convient également de se poser des questions sur le modèle et la représentation du couple et de la relation conjugale. Cela donnera la possibilité de comprendre notre propre comportement dans notre vie de couple.
Autant de questions pertinentes à se poser et auxquelles il faut répondre de manière transparente.
En effet, cette analyse et remise en question de soi permet de se rendre compte de sa part de responsabilité ou non dans ce qui arrive mais surtout de se reconstruire sur de nouvelles bases afin de ne pas reproduire la même chose dans une future relation de couple.
La quatrième phase est celle des peurs.
Les démarches juridiques passées et la situation de couple et de soi analysée, laissent place à soi dans sa totalité avec ses éventuelles peurs.
La peur de l'inconnu est très fréquente et légitime. Notre vie, nos repères et nos habitudes vont changer. Nous ne savons pas comment les choses vont se passer, nous ne maîtrisons pas l'avenir, il est flou. Ces éléments incertains perturbent et peuvent angoisser. Un conseil: allez - y progressivement.
Après avoir connu la vie à deux, la peur de vivre seul est présente. Le fait de se retrouver seul avec soi-même peut-être pesant, angoissant et ennuyant. Mais cette période de solitude permet de se confronter à soi-même, d'être plus fort et indépendant.
Dans le cas d'un couple avec enfants, il est légitime d'appréhender également la manière dont les enfants vont vivre la situation.
Il est crucial d'être proche de ses enfants lors de la séparation, d'écouter leurs craintes, leurs doutes et de les rassurer. Faites leur part de votre amour, répétez-leur que l'amour que vous avez tous les deux pour eux ne change pas mais que seule la relation entre les parents a changé.
Les enfants vivent difficilement la séparation selon l'âge et les conditions de séparation. Ne dénigrez pas votre conjoint(e) en face de vos enfants malgré vos différents, ne les utilisez pas non plus contre votre partenaire. Ils n'ont pas à choisir de camp.
Dans l'idéal, il convient de garder des relations saines avec votre conjoint(e)et de maintenir le contact pour leur bien-être en transmettant par exemple, des informations pour l'équilibre des enfants (maladie, activités, fêtes de fin d'année à l'école...)
La dernière phase : la renaissance
Après le tunnel, la lumière...
Après le travail sur soi, les peurs, on se pose avec soi et avec la vie de manière plus sereine. On se sent plus apaisé.
Prendre du temps pour soi, se faire plaisir est essentiel pour s'accorder de la valeur et pour son estime de soi. Personne ne prendra du temps à votre place. Alors respirez et profitez de l'instant présent et des petits plaisirs de la vie. Pour toute consultation psy musulmane, je suis à votre écoute !
Le divorce peut-être l'occasion de mieux savoir ce que l'on veut pour un nouveau départ dans la vie.
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CONCEVOIR UN PROJET DE MARIAGE
1m85, brun, d’origine tunisienne, cadre supérieur ou une sœur voilée grande, fine et jamais mariée ou un homme suivant la sunna et souhaitant faire l’hijra ou encore une femme âgée de moins de 28 ans, convertie, ne souhaitant pas travailler mais tout en ayant fait des études supérieures…
Nous n’allons pas parler des petites annonces dans cet article même si cela peut y ressembler en apparence mais des critères à avoir lors de la recherche d’un conjoint. Il est important de bien réfléchir avant d’agir lors d’un projet de mariage autrement dit de se positionner soi avec soi-même pour savoir quel conjoint vous conviendrait le mieux.
C’est dans ce cadre de préparation au mariage que s’inscrit cet article. L’objectif est que chacun d’entre vous puisse concevoir un projet de mariage sincère, profond et efficace.
Premier travail : la connaissance de soi
Lorsque vous souhaitez vous marier, il est fondamental dans un premier temps de bien vous connaître vous-même. Ce travail d’introspection est obligatoire pour ma part si vous souhaitez mener un projet de mariage réussi. Vous devez vous connaître vous-même pour savoir quelles sont vos qualités et vos défauts afin de savoir quel est le partenaire qui vous conviendrait le mieux. Pourquoi ? D’une part, pour savoir ce que vous pouvez accepter ou pas chez l’autre et d’autre part, pour une meilleure orientation de votre recherche de conjoint. Chacun d’entre vous a ses propres envies et capacités. Ainsi, on ne peut pas tout accepter chez l’autre bien que la personne soit musulmane.
Un conseil pratique : demandez à votre famille et vos amies qu’il vous aide à lister et reconnaître vos qualités et surtout vos défauts. Vous avez du mal en général à énoncer vos défauts alors que c’est tellement constructif pour l’avenir. De nombreux patients se sont mariés très rapidement sans faire ce travail d’introspection. Ainsi, ils ont fait des mauvais choix qui ont abouti à un divorce.
Deuxième travail : Pourquoi souhaitez-vous vous marier ?
Question qui peut paraître anodine mais qui est riche en enseignements et en conséquences. Je vais vous demander de vous poser cette question sincèrement et de ne pas vous mentir à vous-même. Voilà les principales réponses recensées dans mes entretiens, séminaires et conférences :
Se marier pour faire plaisir à ses parents ou pour quitter le domicile familial ou parce que toutes mes ami(e)s sont marié(e)s et je suis le (la) dernier (e) à ne pas l’être ou pour fonder une famille ou pour évoluer dans ma religion ou pour Dieu...
De l’intention du mariage découlera le choix du conjoint. Si l’intention n’est pas sincère, vous allez faire un mauvais choix. J’ai eu de nombreuses patientes qui se sont mariées rapidement parce qu’elles souhaitaient avant tout quitter le domicile familial synonyme de tension. Du coup, elles n’ont pas pris le temps de la réflexion et se sont précipitées. Elles le regrettent aujourd’hui.
Le mariage ne va pas résoudre les problèmes que vous aviez en étant célibataire. Il est crucial de les arranger avant de vous engager. Votre partenaire n’est pas un thérapeute et il n’est pas censé vous guérir. Le mariage est juste la continuité de ce que vous êtes et ce n’est pas une réponse à vos maux personnels. Autrement dit, soyez heureux en étant célibataire et il y a de grande probabilité que vous le soyez en étant marié !
Les critères a proprement dit !
Chaque personne a ses propres critères. Ce qui convient à votre ami(e) ne va pas forcément vous convenir d’où l’importance de bien se connaître encore une fois.
Il ne suffit pas de choisir une personne pratiquant la prière si vous êtes vous-même pratiquant(e), même si cela est essentiel pour beaucoup. Si cela suffisait, notre communauté ne connaîtrait pas les divorces. Plusieurs points par rapport à la religion…D’une part, je vous conseille de prendre une personne qui a la même vision et la même pratique de la religion que la vôtre. Dans le cas contraire, votre couple connaîtra de grandes tensions. J’ai reçu de nombreux couples où un des membres avait une vision plus littéraliste de la religion et son partenaire ne partageait pas cette vision. Résultat : des disputes très fréquentes pour des éléments quotidiens (ex : parler avec une personne du sexe opposé, scolarité des enfants…)
D’autre part, ne vous fiez pas à la tenue vestimentaire de la personne que vous rencontrez. Il ne suffit pas de porter « une tenue musulmane » pour avoir un comportement musulman. Je me souviens d’une sœur en séminaire qui m’avait dit, j’ai vu un frère portant la barbe et le qamis et je me suis arrêtée là. Je pensais que le reste allait suivre ce qui n’était malheureusement pas le cas. De plus, la pudeur ne se résume pas à ce que la personne porte. Il y a des sœurs très pudiques qui ne sont pas voilées et inversement.
De plus, lorsque vous rencontrez une personne, il est nécessaire de la prendre telle qu’elle est et ne pas envisager que vous pourrez la changer. De nombreuses personnes basent leurs mariages sur des suppositions autrement dit elles pensent qu’elles pourront transformer la personne avec qui elles vont vivre. C’est une grave erreur de penser comme cela. Il est déjà très difficile de se changer soi-même, alors changer une autre personne ! Lorsque des patients venus me consulter pour faire le point sur leur projet de mariage me disent qu’ils sont pratiquants et qu’ils souhaitent se marier avec une personne non pratiquante, je leur demande d’être très prudents car si la personne ne devient pas pratiquante c’est l’ensemble de leur vie qui en sera affectée. C’est un sacré coup de poker que de tenter ce pari !
Un autre élément important est la culture d’origine de la personne. Interrogez vous dans un premier temps sur votre propre rapport à votre culture. Pour certaines personnes, il est très important de passer un mois de vacances dans leurs pays d’origine, de manger quotidiennement un type de nourriture et de parler la langue d’origine dans leur foyer. Ainsi, si vous êtes très attaché à votre culture d’origine, il est préférable de prendre une personne de la même culture que la vôtre. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez élargir votre choix.
Le niveau d’étude de la personne rencontrée est un point méritant une réflexion. Le niveau socio-culturel d’une personne influe sur le quotidien, les projets et les ambitions et même le niveau de langage. Dans ce cadre là, une personne qui vous ressemble est préférable pour un meilleur échange et une meilleure compréhension au quotidien.
Ne vous inquiétez pas, on arrive à la question des sentiments…Pour ma part, je considère que le véritable Amour vient après le mariage. Le cadre impliqué par l’Islam lors de la rencontre rend difficile l’apparition de véritables sentiments. Cela ne veut pas dire que son cœur ne doit pas être apaisé. Au contraire, il est fondamental qu’il le soit. Faites attention à l’amour passion qui est très intense avant le mariage et qui ne dure pas. L’important est d’avoir la tête sur les épaules lors de ce choix crucial tout en étant apaisé.
Un mariage heureux commence avant tout avec un travail de connaissance de soi afin de permettre un choix mature et réfléchi lors de la rencontre. Si cela n’est pas effectué, les conséquences peuvent être très néfastes pour vous-même, votre conjoint et vos enfants. Alors prenez ce temps de réflexion pour agir sereinement…
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LE COUPLE FACE A LA MALADIE
Un couple n'est jamais figé. Il évolue en fonction du contexte et des circonstances. Cela est d'autant plus vrai lorsqu'un membre du couple tombe gravement malade. En effet, c'est tout l'équilibre physique et psychologique du couple qui est touché et qui est à redéfinir. La maladie exige une période d'adaptation et un réajustement de chaque membre du couple. Comment traverser au mieux cette épreuve tout en préservant son couple des personnes ou des éléments malsains? Quelles sont les précautions à prendre?
La vie conjugale et son univers vont être basculés à l'annonce de la maladie de l'un des membres du couple. La maladie impose en effet ses contraintes, ses rythmes, son univers médical et hospitalier.
Pour traverser cette période, il y a plusieurs paramètres dont vous devez tenir compte:
- l'encadrement de l'équipe médicale
- la maladie avec ses symptômes
- la qualité de la relation conjugale avant la maladie et après la maladie
- l'environnement familial et amical
La relation conjugale est primordiale dans cette épreuve mais d'autres points extérieurs influencent favorablement ou négativement le vécu de la maladie.
Tout d'abord, il est important de se dire que chaque personne va réagir différemment à cette douloureuse épreuve et qu'il faut l'accepter. Certains peuvent développer des mécanismes de protection se traduisant par plusieurs sentiments: le déni total (tout va bien), le refus de se battre ou l'isolation. Ils peuvent évoluer tout au long de la maladie. La personne non malade doit respecter ces sentiments de protection et ne pas les condamner. Les médecins doivent tenir compte de l'état émotionnel du patient avant l'annonce du diagnostic. "La vérité a une mesure: la mesure de ce que je peux supporter" (Folscheid). Autrement dit, qu'est ce que le patient peut entendre et supporter. "Certains malades sont furieux parce que le médecin leur a annoncé leur maladie de manière brutale ou d'autres sont aussi furieux parce que leur médecin n'a pas parlé de cancer " (propos du Dr Françoise May-Levin, ancienne cancérologue).
De plus, selon la nature et la forme de la maladie (psychologique et /ou physique), le comportement à adopter varie. En effet, la personne peut être atteinte, d'une part, d'une maladie psychiatrique où la communication verbale s'avère altérée ou d'autre part, d'une maladie physique modifiant la vision de son propre corps. Ainsi, de nouveaux codes relationnels sont à instaurer en fonction de la maladie.
De la qualité de l'harmonie conjugale antérieure à la maladie dépendra la qualité de la relation conjugale après l'annonce de la maladie.
Un point crucial est de ne surtout pas réduire la personne malade à sa maladie et donc de ne pas faire de choix à sa place. Laisser au patient sa capacité de décider.
En effet, la maladie grave entraîne pour le patient une série de régressions et de deuils successifs : perte d'autonomie, de confiance en soi, de son travail, de relations sociales, altération de sa fonction au sein de sa famille...La personne malade ne se résume pas à sa maladie. C'est avant tout une personne à part entière, qui garde toute son intégrité et sa respectabilité. En fonction de son état, elle peut être capable de prendre des décisions ou de participer à la prise de décisions.
Parfois, le conjoint de la personne malade en voulant bien faire, peut surprotéger son partenaire. Il en fait trop pour lui (assistance et présence importantes). Cette situation même si elle part d'une bonne intention, stigmatise la personne malade et l'agace le plus souvent.
Communiquer de manière la plus sereine possible est gage d'une relation de couple préservée en partie par la maladie. Bien évidemment les sentiments adaptés au vécu ainsi que la qualité de la relation conjugale antérieure à la maladie favorisent la communication. Il est important d'exprimer tous les deux vos pensées, vos émotions et vos besoins. Tout cela afin de redéfinir vos attentes et votre nouvelle relation de couple. C'est un exercice difficile car certaines émotions négatives sont présentes, parasitant ainsi la qualité de la communication: la peur, la colère pour masquer la tristesse. Ces sentiments sont tout à faits compréhensibles et légitimes étant donné le contexte.
Plusieurs sentiments peuvent envahir la personne malade et son partenaire. Chacun souffre à sa manière. Par exemple, la personne malade peut se sentir coupable de faire subir cette épreuve à son conjoint. De son côté, le conjoint se sent dépassé et impuissant face à la maladie. Il ne sait pas quoi dire, ni quoi faire pour aider l'autre. Partager les difficultés permet d'atténuer la souffrance de chacun.
Ne taisez pas vos sentiments. Au contraire, exprimez-les sereinement pour trouver des solutions à deux. Tout ceci, pour ne pas développer des incompréhensions, des doutes et des conflits au sein de votre couple.
Le contenu de la communication varie d'un couple à l'autre. Certains patients vont beaucoup se confier à leur conjoint, d'autres préfèrent partager le meilleur et garder pour l'équipe médicale ou un tiers ce qui les inquiète.
Le respect restant la règle. Il implique de vous écouter, de ne pas vous couper la parole et de ne pas vous insulter, ni critiquer.
Pour le conjoint de la personne malade, essayez dans la mesure de vos capacités de prendre des distances par rapport à ce qui se passe. Etre dans la fusion ne permet pas d'être objectif et utile.
Bien évidemment, il est très difficile de ne pas se sentir dépassé et submergé par ce qui vous arrive. Le fait de vous rendre compte et d'accepter qu'être atteint d'une maladie grave ou d'être conjoint d'une personne malade est une épreuve très douloureuse, vous permettra d'accepter de l'aide familial ou extra-familial. Faites vous entourer et accompagner en fonction de votre situation d'un réseau pour traverser au mieux cette épreuve. Ce réseau peut prendre plusieurs formes: les proches (famille, amis), les copains, les voisins et l'environnement médical et psychologique (soignants, associations, groupe de paroles, psychologue..).
La famille et les amis peuvent vous apporter une aide sous plusieurs formes. Cette aide est nécessaire aussi bien pour la personne malade que son conjoint et leurs enfants. D'une part, ils peuvent vous soutenir en vous écoutant lors de vos moments de détresse et d'autre part, vous aider a penser à autre chose en vous invitant chez eux ou en organisant une sortie. Tout cela pour montrer que la vie continue et qu'il ne faut pas se focaliser uniquement sur la maladie. Ils peuvent aussi vous aider financièrement surtout si le conjoint malade a perdu son travail. Cette aide est précieuse et vitale à la survie du couple et de la famille.
Mais cette aide peut être ressentie et vécue par le couple de manière intrusive et malsaine surtout si elle est maladroite. Certains parents peuvent développer une attitude surprotectrice à la vue de leurs enfants malades. Ils les infantilisent et les réduisent uniquement à leurs maladies. Alors que les personnes malades souhaitent dans la mesure du possible continuer à vivre normalement en pensant à autre chose.
D'autres personnes sont trop présentes en vous appelant régulièrement ou en vous rendant visite fréquemment. Vous avez besoin de respirer et de ne pas parler uniquement de la maladie.
Face à cette situation, il faut apprendre à vous écouter, à reconnaître vos limites et à dire NON. Vous ne pouvez pas tout accepter et vous avez droit de l'exprimer. Prenez du temps pour être seul, pour vous reposer. Tout cela afin de mieux être en couple.
Il n'est point facile de vivre avec la douleur de la personne que l'on n'aime sans avoir de moyens concrets de la soulager. Essayer de renforcer votre amour à travers la maladie en mettant l'accent sur vos besoins communs sans contrainte et sans attentes.
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LE COUPLE A L'EPREUVE DE LA MATERNITE
Félicitations, vous venez d'apprendre madame et monsieur que vous attendez un enfant! Mais êtes-vous sûrs de prendre la pleine mesure des changements émotionnels, physiques et conjugaux que vous vous apprêtez à vivre ? On a tendance à idéaliser la grossesse et surtout la maternité (ce sont bien évidemment de merveilleuses aventures) mais il y a des « adaptations» que nous devons bien gérer pour en ressortir grandis et renforcés dans notre couple.
Le couple conjugal va au cours de cette grossesse commencer à se projeter en couple parental. En devenant parents, on inaugure des nouveaux rôles. Ces changements s’opèrent dès la grossesse puisque même si l’enfant n’est pas à l’extérieur, les parents sentent bien sa présence et lui se fait surtout bien sentir ! Ces changements ont des conséquences sur le couple. Il faut préciser également qu’il n’y a pas de généralités et que chaque femme va vivre sa grossesse différemment et que son impact sur le couple n’est pas le même.
Une grande majorité de femme est fatiguée par la grossesse surtout les trois premiers mois. La fatigue est l’une des conséquences les plus importantes de la grossesse et qui va se répercuter sur votre couple. Cela entraîne une moins grande disponibilité déjà pour soi et pour son conjoint. Il est inutile de se renfermer dans la grossesse et d'oublier son conjoint. L'essentiel est de répondre à vos attentes respectives en les adaptant à la situation. Il est important pour vous monsieur de comprendre l'état de fatigue de madame et réciproquement pour vous madame de comprendre les besoins et les attentes de monsieur. Pour cela, je vous invite à communiquer sur vos besoins respectifs et à ne pas vous enfermer dans vos frustrations.
L’importance est de s’adapter à l’autre et de trouver des solutions qui feront plaisir à chacun d’entre vous.
La grossesse est une étape limitée dans le temps et elle vous prépare à la maternité. La grossesse est une aventure unique mais la maternité est encore plus surprenante et enrichissante au quotidien. Pour le coup, l’enfant n’est plus imaginé mais bien réel. Les conséquences sont d’autant plus pratiques.
Les premières semaines après l’accouchement sont très éprouvantes physiquement et moralement pour les parents. En général, on a la « tête sous l’eau » pendant les trois premiers mois : temps nécessaire pour récupérer de l’accouchement et se familiariser avec notre enfant. La priorité pendant ces moments là est d’accueillir l’enfant de la meilleure manière. Le couple conjugal est un peu entre parenthèse pour se centrer sur l’arrivée de l’enfant. Il est nécessaire de prendre ce temps pour créer ses repères parentaux et familiaux.
Une fois les repères établis, il ne faut pas oublier nos rôles de mari et de femme. Malheureusement, avec le quotidien, nous avons tendance à vite nous oublier et à ne pas prendre le recul nécessaire. Ainsi, je vois en consultation beaucoup de couples qui se perdent après l'arrivée d'un enfant. Vous allez me demander pourquoi?
Tout simplement, parce l'un comme l'autre avons du mal à comprendre l'état émotionnel et physique de son partenaire. Autrement dit, à se mettre à la place de l'autre.
D'une part, la majorité des femmes est épuisée les premiers mois après l'arrivée de l'enfant. Elle doit faire face à une multitude de tâches. En effet, elle doit gérer sa propre fatigue suite à l'accouchement, les soins du bébé, le manque de sommeil et les tâches ménagères. Autant dire, que le rythme est intense. Et que la seule chose dont elle a envie de faire quand elle peut: c'est DODO! Une sœur me disait qu'elle s'était rendue compte que le sommeil était devenue un luxe pour elle. Les mots sont bien pesés!
Pour comprendre encore faut-il le vivre ou au moins se mettre à la place de l'autre pour essayer de comprendre son ressenti. Et malheureusement, les hommes ne comprennent pas toujours l'état de fatigue dans lequel se trouve leurs épouses. Certains patients disent à leurs épouses "mais tu es à la maison, pourquoi es-tu fatiguée"? Ils assimilent le travail de mère au foyer à des "vacances" (terme utilisé par un mari) sans se rendre compte de l'intensité des efforts que cela implique. Pire, certains comparent leurs épouses à leurs mères en citant l'éternelle phrase "ma mère a élevé cinq enfants et elle n'était pas dans le même état que toi". Elle est belle la remarque constructive pour faire avancer le couple! Les femmes se sentent incomprises et ont du mal à leur faire comprendre leur fatigue.
D'autre part, à partir du moment où les hommes n'assimilent pas la fatigue de leurs partenaires, ils restent exigeants vis à vis de leurs épouses. Naturellement, ils vont continuer à la solliciter sexuellement. Et dans un grand nombre de cas, la femme repousse le rapport intime à plus tard en raison principalement de la fatigue et du manque de compréhension du mari. N'oubliez pas les hommes que la sexualité de la femme est très cérébrale. Autrement dit, elle doit se sentir bien psychologiquement avec vous pour se donner à vous. Sinon, elle bloque...Résultat monsieur, vous êtes frustré. Et cette frustration se traduit sur votre comportement et notamment votre énervement.
D'un coté, on a la fatigue de la femme qui entraîne une moins grande disponibilité pour son mari et un rejet des rapports intimes. Et de l'autre côté, un homme frustré car son épouse ne répond pas à ses attentes sexuelles.
Les hommes ont tendance à ne pas du tout comprendre l'épuisement de leurs épouses. Mesdames, rien de tel qu'une mise en situation pratique. Pour cela, je vous invite à laisser votre mari vous occuper de l'enfant pendant une journée pour qu'il se rend compte du travail que cela implique et de la fatigue occasionnée...Et en général, cela marche car ils se rendent compte de l'ampleur de votre travail et surtout ils le reconnaissent.
Mais n'oubliez pas mesdames que la sexualité masculine n'a pas la même importance que pour les femmes. Elle permet de se décharger tout en rechargeant ses batteries. Cela est un excellent moyen pour être apaisé des tensions et des tentations extérieures. Il est nécessaire de faire des efforts pour répondre aux besoins sexuels de votre mari. Il ne faut pas s'enfermer dans le rôle de mère uniquement mais se réapproprier progressivement celui d'épouse.
A partir du moment, où les hommes reconnaissent la fatigue de leurs épouses et les femmes l'importance de la sexualité pour leurs époux, le couple peut repartir sur de bonnes bases.
J'ai reçu un couple où la femme était débordée par ses enfants (au passage très difficiles) et elle était éreintée à la fin de chacune de ses journées. Son mari ne comprenait absolument pas sa fatigue et lui faisait constamment la remarque qu'elle était très mal organisée. Du coup, le soir malgré les sollicitations du mari, l'épouse se refusait à lui. Cela pour deux raisons, la fatigue et les reproches de son mari. J'ai conseillé au mari d'aider son épouse le soir dans la gestion des enfants. Chose qu'il accepta. Cette situation soulagea l'épouse qui du coup était moins fatiguée, plus soulagée et plus disponible pour les invitations sexuelles de son époux.
De plus, certains hommes se sentent mis de côté par leurs épouses après l'arrivée de l'enfant. Ils n'arrivent pas à prendre leur place de père car leurs femmes ne les laissent pas s'investir dans les soins du bébé. Ainsi, ils se sentent doublement exclus: d'une part, par leurs épouses qui focalisent toutes leurs attentions sur leurs bébés et d'autre part, dans leurs rôles de père puisqu'ils ne le prennent pas. Résultat: monsieur se sent abandonné et rejeté par son épouse.
Un autre exemple de couple reçu en séance. L'épouse était très angoissée après l'arrivée de son enfant car l'accouchement était très difficile et son enfant en portait provisoirement les marques. Du coup, elle ne laissait pas son mari s'occupait de leur enfant. Il se considérait comme "un parent secondaire". L'atmosphère était tendue à la maison. Elle a petit à petit pris conscience de ce qu'elle faisait et à commencer à laisser son mari s'occuper de leur enfant. Du coup, elle était moins fatiguée et plus disponible pour lui.
Il ne faut pas abandonner son rôle d'épouse après être devenue mère. Il faut donner à chacun son "droit" et son temps. Il est fondamental de prendre un temps pour vous deux. Tout dépend des moyens organisationnels s’offrant à vous. La séparation avec l’enfant est difficile. Vous pouvez vous fixer un rituel tous les deux. Peu importe ce que vous faites, l’essentiel est d’être à deux et de profiter de ce moment. Si vous le pouvez, laisser votre enfant quelques heures chez votre mère ou votre belle-mère pour vous retrouver tous les deux. Sachez qu'une relation fusionnelle n'est pas très saine aussi bien pour l'enfant que pour vous mesdames. Tout est une question d'équilibre et de juste milieu.
C'est une stratégie gagnant-gagnant! Chaque époux doit faire des efforts pour apaiser et soulager l'autre au quotidien et mieux répondre à ses attentes. Ainsi, vos propres attentes seront à votre tour exaucées inch'ALLAH. Et, n'oubliez pas que si vous êtes heureux, vos enfants le sentiront. Les faire grandir dans un climat harmonieux est une miséricorde et un merveilleux exemple. Pour tout autre conseil, faites appel à mon expertise en tant que psychologue musulmane. Vous trouverez toutes les informations pratiques ici pour une consultation psy en relation conjugale.
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Il ETAIT UNE FOIS L'HOMME ET LA FEMME...
Le mode d'emploi du fonctionnement de l'Homme et de la Femme n'est pas fournit en même temps que le contrat de mariage. Quelle dommage! Car vous savez que cette différence existe et que vous la vivez au sein de votre couple au quotidien. Les Hommes et les Femmes ont des besoins et des attentes différents. S'ils ne sont pas satisfaits en couple, ils occasionnent de la frustration, des tensions et des malentendus.
Aujourd'hui, nous allons commencer par la spécificité masculine de l'Amour. Autrement dit, ce que l'Homme attend de son épouse. Le but de l'article est double. D'une part, avoir une meilleure connaissance de L'homme (pour les deux sexes) afin de mieux y répondre, d'autre part.
Dans un premier temps, nous allons aborder l'identité masculine à travers ses valeurs et sa personnalité. Pour dans un second temps, se concentrer sur sa vie de couple.
Il était une fois l'Homme...
A travers mes séminaires sur les différences Hommes-Femmes, le constat est le même sur les spécificités masculines. Ils se définissent par les valeurs suivantes: la Compétence à atteindre un but, l'Efficacité, la Réussite, la Virilité. Ce sont les principaux critères. En effet, un homme agit pour prouver sa valeur et affirmer ses capacités et son pouvoir. Il tire satisfaction de ses objectifs atteints.
Se fixer un but et l'atteindre lui permet d'être fier et de renforcer sa confiance en lui. Il est nécessaire qu'il le fasse en totale autonomie pour ainsi renforcer son aptitude et son efficacité. Ainsi, donner un conseil à un homme sans qu'il ne le demande est synonyme de faiblesse. Un exemple classique: un homme préfère perdre du temps à chercher son chemin plutôt que de le demander...
Les Attentes de l'Homme vis à vis de sa Femme...
Il souhaite avant tout que son rôle de Responsable et de Chef de Famille soit reconnu à sa juste valeur. Cela signifie qu'il demande à être "soutenu par sa femme dans la façon d'être "homme" et apprécié pour ce qu'il fait"[1]. Attention, cela ne veut pas dire que la femme doit se soumettre et ne rien dire. L'homme a un réel besoin de Reconnaissance de la part de son épouse. Reconnaître la valeur de son travail, de ses engagements et de ses activités sociales.
Ainsi, pour se surpasser l'homme a besoin d'être Valorisé. Il se sent aimé car il ressent de la confiance. Il attend d'une femme qu'elle l'admire. Et il l'a choisi pour cette capacité d'Admiration.
L"'Homme est un peu comme un dauphin que l'on récompense avec du poisson quand il a bien sauté dans le cerceau! Pour se sentir aimé, il doit être reconnu dans sa compétence. Et il sera ravi de continuer à être aux petits soins pour sa compagne si celle-ci lui prodigue des compliments" [2]
Vous l'aurez remarqué les poissons représentent les mots doux. Par exemple, merci pour ce que tu fais, j'ai beaucoup de chance d'être avec toi, tu m'apportes beaucoup etc...L'homme a besoin de ces compliments et de ces remerciements même s'ils vous semblent normales pour vous Madame! Je me souviendrais toujours de cette parabole lors d'un séminaire animé à Grenoble. Un participant homme nous dit quand je fais la vaisselle, j'ai besoin que ma femme me donne la légion d'honneur! Je vous l'accorde, cela peut sembler beaucoup. Mais, s'il ne reçoit pas de remerciements, il fera de moins en moins...
Ces besoins de Reconnaissance et d'admiration s'accompagnent des Besoins de Soutien et de Sérénité. L'homme attend que sa femme apporte une atmosphère de joie et de paix au sein de son foyer. Si ces premiers besoins ne sont pas réalisés, cela entraîne un rapport de force destructeur au sein du couple.
L'homme a donc besoin que son épouse lui fasse sentir qu'il est compétent, utile et qu'elle croit en lui. Il ressent le besoin d'être Encouragé sans lui faire la morale ou le critiquer. En effet, dans la mesure où un homme se définit par sa compétence et ce qu'il fait, il sera vite blessé quand on critique ce qu'il réalise. La conséquence c'est qu'il en fera de moins en moins. Ne l'oubliez pas la meilleure façon de tuer un homme est de le dévaloriser. A mon sens, l'une des pires insultes entendues en consultation est lorsqu'une femme dit à son époux "tu n'es pas un homme".
L'homme aime résoudre ses problèmes seuls. La femme à tendance à insister afin que son époux se confie à elle en lui disant par exemple: Qu'est ce que tu as? Pourquoi tu es triste? Plus elle persiste, plus son époux s'éloigne et devient désagréable. Un conseil: faites confiance en votre mari et laissez le se retrouver avec lui-même un certain temps pour trouver sa solution. Indiquez lui que votre êtes la s'il en a besoin. Ne l'oubliez pas un homme se définit par son autonomie. Ainsi, si vous lui donnez des conseils non sollicités, vous lui paraissez critique et peu aimante et il s'enfermera davantage dans son silence.
L'homme est très sensible à l'apparence physique de son épouse. "Sa vue est très développée et érotisée d'où son excitation et son intérêt pour les vêtements, les bijoux et le maquillage"[3]. Il est important que la Femme ne se néglige pas physiquement pour séduire son époux. Malheureusement, lorsqu'elle devient mère, la Femme a tendance à laisser de côté sa féminité alors que c'est un élément important pour vous-même dans un premier temps et pour votre partenaire ensuite.
Et la relation sexuelle dans tout cela...
La sexualité n'est pas vécu de la même manière selon les sexes. "Il faut d'abord que les conjoints apprennent à identifier ce qu'ils ressentent face à leur propre sexualité et face aux demandes de l'autre et qu'ils apprennent ensuite à se parler ouvertement de ce que chacun vit lors des rencontres sexuelles"[4]. L'homme Recherche avant tout l'épanouissement sexuel et il veut communiquer physiquement. L'intimité est un moyen pour l'homme de refaire le plein d'énergie et il voudra ainsi faire l'amour pour retrouver la paix. De ce fait, le refus de sexualité provoque un sentiment de rejet chez lui.
Mais d'ou viennent ses spécificités masculines...
De nombreuses recherches en neuropsychologie démontrent le bien-fondé biologique de ces différences et de ses spécificités masculines. En effet, la source des différences réside dans le code génétique. L'influence culturelle est également présente...
Pour être heureux en couple, vous devez apprendre les règles du fonctionnement de l'autre afin de pouvoir obtenir la satisfaction de vos besoins relationnels légitimes. L'erreur est de vouloir normaliser les choses et de penser que l'autre sexe va réagir comme vous. Il suffit de connaître, de comprendre et de valoriser ces différences pour une meilleure complémentarité conjugale. Cela permet ainsi de réduire les tensions en couple.
Quand je pose la question du secret de leur bonheur aux couples heureux, j'entends souvent la réponse suivante: "Je l'ai accepté tel qu'il (elle) était et je n' ai jamais cherché à le (la) changer. Un homme, c'est un homme; une femme, c'est une femme"[5]. Vous savez ce qu'il vous reste à faire!
[1] Parole de Véronique Lovens - Sexologue Clinicienne à Paris
[2] Propos de Paul Dewandre lors de la mise en scène du livre "Les hommes viennent de mars et les femmes de Vénus"
[3] DVD "La Vie à Deux" - Juste Milieu Production
[4] Propos de Jacqueline Comte - Sexologue Clinicienne et Psychothérapeute
[5] Qui sont ces couples heureux d'Yvon Dallaire? - Les Éditions Option Santé Enr., 2006
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LE COUPLE PEUT-IL RESISTER A L'INFIDELITE?
Au début d’une relation conjugale, vous mettriez votre main à couper que votre conjoint(e) vous sera fidèle en raison de l’amour qui vous lie et de vos convictions religieuses. Et que vous ne comprenez pas les personnes qui restent après cette tempête émotionnelle et conjugale.
Les frontières de l’infidélité ne sont pas les mêmes pour tous. Dans un premier temps, nous allons réfléchir au point de départ de l’infidélité. Pour ensuite, s’interroger sur la réalité de l’infidélité, autrement dit que dit-elle sur le couple ? Et enfin, est ce que le couple peut-il survivre à l’infidélité
Où commence l'infidélité?
L’infidélité est un phénomène plus courant qu’on le croit même s’il reste tabou. Selon une étude de l’université du Michigan, les perceptions de l’infidélité sont très variables d’une personne à l’autre. Pour la cerner, "il faut donc « un repère et une base » en s’appuyant sur votre propre définition de la fidélité"[1]. Elle ne résumerait pas uniquement à avoir des rapports sexuels avec votre conjoint(e) ou à n’aimer que lui ou elle. Elle est beaucoup plus large et fine.
Ainsi, l’infidélité impliquerait de trahir son (a) partenaire avec une personne du sexe opposé. Cette trahison se traduit par échanger avec l’autre sexe (sous diverses formes) dans un cadre qui déplait à l’autre partenaire et à ses principes. Certains échanges étant censés se produire uniquement entre époux.
L'infidélité commencerait au moment où ces échanges blessent l'autre partenaire et qu'il y'a surtout une possibilité de séduction et qu'ils ne sont pas nécessaires. Et à partir du moment où existe un échange entre deux sexes, le risque est très présent. Attention cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas discuter avec une personne du sexe opposé! Il ne faut pas voir le mal partout!
Ainsi, discuter sur les réseaux sociaux ou tchatter sur internet pour parler de choses futiles peut être considéré pour certaines personnes comme une forme d'infidélité. Certaines femmes en consultation me confient que leurs époux discutent avec d'autres femmes sur internet et qu'ils n'en voient pas le mal. Ces conversations débordent très vite et ces personnes se laissent dépassées par la situation. Ne parlons pas des personnes qui laissent se séduire par l'autre ou qui séduisent en ayant un contact physique (aussi minime soit- il). L'infidélité est donc loin de se résumer à avoir des relations sexuelles avec une autre personne que son partenaire. Ce point là n'est que la conséquence des étapes mentionnées précédemment.
Là encore à vous de vous questionner sur votre propre conception de l'infidélité car ce qui est valable pour un couple ne l'est pas forcement pour un autre.
Que dit l'infidélité sur le couple?
Deux types d'infidélité existent: "l'infidélité relationnelle et l'infidélité personnelle"[2]. La première, la plus répandue, permet pour la personne qui la commet de compenser les manquements au sein de son propre couple. Quant à l'infidélité personnelle, elle renvoie à des personnes qui sont infidèles de manière chronique. Ils peuvent être amoureux de leurs partenaires et multiplier les rapports sexuels avec d'autres personnes. Sans faire de la psychanalyste, il s'agit fréquemment de compenser un manque dans sa vie personnelle (abandon, manque d'estime de soi...).
Faites attention aux signes de l'infidélité...
Ce "coup de canif" dans le contrat conjugal ne vient pas spontanément. Ne croyez pas que le couple même s'il est bâti sur des fondements sains est quelque chose d'acquis. Loin de là et surtout aujourd'hui. L'un comme l'autre soyez très attentifs à vos besoins et à vos attentes réciproques. Le tourbillon du quotidien ne doit pas vous faire oublier et encore moins négliger vos priorités. Et, malheureusement c'est très fréquemment ce qui se passe. En général, un des deux va manifester ses frustrations, ses envies ou son mal être à l'autre. Mais ce dernier, ne prend pas le temps de l'écouter et va indirectement pousser l'autre à le tromper. Un de mes patients m'a dit que pendant plus de dix ans, il manifestait clairement à sa femme ses besoins d'affection, de tendresse et de sexualité. Elle n'arrêtait pas d'ignorer ses demandes et de le critiquer physiquement. Elle lui disait nous sommes mariés et tu m'es acquis. Il a commencé par discuter avec d'autres femmes sur internet. Une crise a éclaté mais visiblement pas suffisamment profonde puisque quelques mois plus tard, il commet l'adultère. Depuis des années, ce couple connaissait un déséquilibre conjugal dû au comportement des deux membres. Mais le passage à l'acte du mari est de son entière responsabilité. Cela reste dans tous les cas condamnable et blâmable.
L'infidélité peut-être soit découverte ou soit révélée par la personne l'ayant commise. Il est important de distinguer l'aventure ponctuelle de la double vie. Cette dernière est beaucoup plus violente et plus traumatique pour le couple car elle s'est installée dans le temps.
Les réactions du couple à l'infidélité...
L'annonce de l'infidélité est vécue comme un coup de massue pour la personne trahie. Elle passe par une phase de sentiments: colère, rancœur, haine, tristesse, incompréhension totale. Elle a le sentiment que le monde s'écroule à ses pieds. Tout est remis en question en l'espace d'un instant: vie de couple, vie amoureuse et vie de famille. C'est le point de départ d'une période turbulente pour la personne trahie, pour la personne ayant commis l'infidélité et pour le couple lui-même.
Bien évidemment, chaque couple va réagir différemment à cette lourde épreuve. On peut les classer en trois groupes selon la classification de la psychothérapeute Esther Perel.
- Le couple traumatisé. Il reste focalisé sur cette douleur et sur le passé. C'est un cercle infernal se traduisant par des reproches continuels. La personne trahie a besoin de se sentir rassurée et se transforme en détective en fouillant dans les vêtements de son partenaire et en regardant les messageries électroniques. Cette phase est tout à fait légitime et normale après l'annonce de l'infidélité. Mais encore faut-il essayer d'aller plus loin pour pouvoir avancer...Sinon le couple ne survit pas à cela. Une femme en consultation m'informe que son mari avait échangé des sms sexuels avec d'autres femmes. Après plusieurs mois de thérapie, elle restait focalisée sur cette douleur et ne voulait rien entendre de lui. Elle demanda le divorce.
- Le couple survivant. Il croit à sa continuité. Leurs membres souhaitent avant tout préserver un cadre familial, social voir financier pour eux-mêmes et surtout pour les enfants. Ils font ainsi le deuil de leur vie de couple pour leur vie de famille. C'est un choix de raison. Mais à quel prix! Je me souviens d'une patiente enceinte auquel son mari a révélé son infidélité. Très rapidement après l'annonce de l'infidélité, elle avait repris une intimité avec lui. Elle voulait un père pour ses enfants, élément manquant dans sa vie.
-Le couple explorateur. Ils sont sortis du schéma "victime-bourreau" dans lequel beaucoup s'enferme. Ils essayent de comprendre à deux les raisons de l'infidélité pour pouvoir avancer. C'est un travail très difficile car il suppose à la personne trompée de se remettre en question et d'admettre qu'elle a une part de responsabilité indirecte dans le passage à l'acte de son partenaire. Cela implique de vouloir reprendre sa vie en main et de ne pas rester focalisé sur ce qui s'est passé. Attention à ne pas rentrer dans les éventuels détails physiques ou sexuels de la relation d'infidélité. Ce comportement n'apportera rien de constructeur pour le couple.
Le plus délicat est d'accepter d'entendre ce que son partenaire est allé chercher chez l'autre afin de ne plus commettre les mêmes erreurs. Et sur le long terme, le pardon est important car il permet de se libérer et de sentir en paix.
Dans les cas d'infidélité chronique, c'est à la personne qui trahit de réfléchir aux origines de son comportement et d'en comprendre le sens.
Comme dirait Yvon Dallaire," l’infidélité constitue un infarctus conjugal. La crise peut ne pas être fatale, mais le couple en reste marqué pour toujours". A chacun de voir ce qu'il peut ou pas accepter chez l'autre tout en se respectant soi-même.
[1] Propos de Gérard LELEU (Médecin et Sexologue) recueillis dans une interview sur www.atlantico.fr
[2] Les quatre visages de l’infidélité en France, une enquête sociologique. Charlotte le Van. Editions Payot.
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